28 May 2006

霸王别姬 (Adieu ma concubine)

Encore un DVD que j'avais acheté il y a belle lurette et que je n'avais pas eu le temps de regarder. Très beau film, très belle œuvre, qui a amplement mérité sa Palme d'Or en 1993. Chen Kaige (陈凯歌) nous fait le coup des soubresauts historiques vus au travers du destin de trois personnages. C'est un genre cinématographique qui requiert une très grande maîtrise [on tombe vite dans les images d'Épinal], et Chen, dans ce film, a montré qu'il l'avait — ainsi qu'une certaine dose de courage, vue l'année de sortie du film et son contenu politique. Leslie Cheung Kwok-wing (張國榮) et Gong Li (巩俐) sont absolument sublimes, époustouflants, intensément beaux.
La deuxième moitié du film se déroule pendant la douloureuse période de la prétendue « Révolution culturelle », période pendant laquelle les « Gardes rouges », tout à leur éradication de la culture traditionnelle chinoise, vont maltraiter les personnages du film, acteurs de l'Opéra de Pékin. Le film m'a fait réfléchir à cette période de l'histoire chinoise. Mon opinion est que, finalement, la Révolution culturelle a été le dernier avatar du colonialisme européen en Chine. Je m'explique. Dans leur conservatisme, les communistes d'URSS avaient décrété que toute expérimentation musicale nouvelle ne pouvait être que « bourgeoise » et que, par conséquent, le ballet et la musique classique étaient les seules formes de musique prolétairement correctes. Les autres pays soumis au communisme autoritaire, dont la Chine, appliqueront avec zèle les diktats issus d'URSS, d'où la chasse à l'Opéra de Pékin pendant la Révolution culturelle. Ainsi, là où les missionnaires chrétiens du XIXme siècle avaient échoué, les marxistes-léninistes ont failli réussir. C'est d'autant plus stupide que, si les communistes chinois avaient vraiment voulu adapter le modèle soviétique chez eux, ils auraient dû protéger l'Opéra de Pékin au lieu de le pourchasser. Mais bon... demander à des marxistes-léninistes de réfléchir, c'est comme demander à des capitalistes de penser à autre chose qu'à l'argent.

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